Le bus que j'emprunte tous les jours s'arrête à proximité d'un ESAT (établissement et service d'aide par le travail, organisme médico-social chargé de la mise au travail des personnes handicapés ne pouvant le faire dans un autre cadre). Aujourd'hui, deux handicapés montent dans le bus et s'assoient près de moi. L'un, communément appelé "trisomique21", s'entretient avec son collègue sur les grèves des fonctionnaires de demain. J'écoute avec intérêt...La conversation suit son cours et arrive inévitablement à Nicolas Sarkozy dont ils font une analyse rapide et juste ( en accord avec ma sensibilité politique...). Ils parlent des droits sociaux, des riches, des pauvres, des exclus; et finissent par dire que si Ségolène avait été élue, ils auraient au moins le droit de vote.

Je pensais être plutôt "avertie", mais je dois avouer que j'ignorais cette disposition privant les majeurs handicapés du droit de vote. Je ne sais pas quoi penser de cette réalité mais à partir de quel degrès de handicap juge t'on qu'une personne ne peut voter ? Et qui décide ? Comment ne pas réagir à chaud quand ces deux hommes tenaient un discours complètement cohérent et réfléchi ?

La question de l'accessibilité au sens large est d'actualité. Alors pourquoi ne pas se poser la question de l'accès des handicapés à la citoyenneté? Certes, la loi du 11 février 2005 pour l'égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées, assouplit le code électoral en autorisant le juge des tutelles à inscrire sur les listes les majeurs placés sous tutelles. Ainsi, certains handicapés mentaux peuvent aujourd'hui voter. Mais cette loi va t'elle assez loin ? Dans quelle mesure un handicapé n'est il pas un citoyen ?

Autant de questions complexes auxquelles il est si difficile de répondre simplement !